Adieu Philippe Minard

C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès brutal de notre collègue et ami Philippe Minard.

Ancien élève de l’Ecole normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, il soutient en 1994 une thèse intitulée L’inspection des manufactures en France, de Colbert à la Révolution à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction de Daniel Roche. Arrivé comme assistant moniteur normalien à Lille, il rejoint avec enthousiasme l’URA 1020 (Territoires, marchés, cultures), équipe réunissant chercheurs lillois et parisiens, aux travaux de laquelle il ne cesse de collaborer lorsqu’il est élu maître de conférences. Il devient aussi, notamment par son travail commun avec Steven L. Kaplan, un brillant connaisseur et inlassable passeur des historiographies nord-américaine et anglaise en France. Elu professeur à Paris VIII en 2005, puis, en 2007, directeur d’études cumulant à l’EHESS, il contribue, dans les pas de Daniel Roche, Gérard Gayot et Jean-Pierre Hirsch, au sein de l’IDHE.S et du CRH, à la promotion de l’histoire économique et sociale.

Son ouvrage Typographes des Lumières paru en 1989, le numéro de la Revue du Nord sur les ouvriers qualifiés publié en 2001 et plus récemment sa contribution à l’édition collective des textes du vitrier Jacques-Louis Ménétra témoignent d’un intérêt ancien et jamais démenti pour l’histoire du travail et des travailleurs. Comme directeur de la Revue d’Histoire moderne et contemporaine, il accompagne l’éclosion de nouveaux domaines de recherches, avec entre autres les numéros consacrés aux maladies professionnelles et à l’histoire environnementale.

Historien des institutions, il menait plusieurs travaux sur les formes de régulations du travail en France et en Angleterre au XVIIIe siècle et animait depuis plusieurs années un séminaire important dédié à ces thématiques. En 2013, Philippe fut parmi les premiers à soutenir le projet à l’origine de l’Association française pour l’histoire des mondes du travail, qu’il contribua à orienter vers des thématiques transpériodes. Membre, depuis le début, de son conseil d’administration, il contribua à l’animation de nos débats et prit toute sa part à nos initiatives.  Il était ainsi un membre actif et enthousiaste de notre association.

Inventif et flamboyant, Philippe était un historien talentueux dont la présence, les propositions et les réflexions nous manqueront.

Adieu Philippe